Hermeline

   Archère au grand cœur, la jeune femme découvrit lors d’une promenade, l’élevage d’hermines blanches d’un homme particulièrement sanguinaire, intéressé uniquement par la belle fourrure blanche et soyeuse de ce petit animal.

   Après avoir assisté à une pénible scène lors de laquelle la jeune femme, bien cachée, vit l’homme ôter sauvagement la peau de la cheffe des hermines, elle décida de toutes les libérer. Après le coucher du soleil, sachant que sa vie allait changer après ce qu’elle s’apprêtait à faire, elle avait préparé son ballot, son arc et ses flèches qu’elle avait soigneusement affutées et prit le chemin de l’élevage.

   L’homme rôdait toujours près des cages et évaluait sa prochaine prise :

   –          De toute manière vous allez toutes crever ! alors arrêtez de vous mettre de la terre partout. Une fourrure ça se nettoie espèce de sales bestioles, criait-il aux hermines.

   A peine eut-il disparu derrière les cages, la jeune femme s’avança prudemment et sans bruit, s’attaqua aux petites portes et les ouvrit les unes après les autres libérant ainsi des centaines d’hermines.

   Sitôt fait, elle fit demi-tour en courant et disparu dans la nuit. Après quelques minutes de courses, elle s’arrêta essoufflée. Soudain, elle entendit comme des petits pas et des chuchotements derrière elle.

   Pensant qu’elle avait tout de même été suivie par l’homme, elle se retourna tétanisée. Quelle ne fût pas sa surprise de découvrir toutes les petites hermines agglutinées autour d’elles et semblant converser.

   –          Mais vous parlez ?

   –          Oui Grande Hermeline !

   –          Ce n’est pas mon nom !

   –          Notre Grande Hermine n’est plus. Le méchant nous l’a prise hier soir. Tu nous as sauvées, tu seras notre Grande Hermeline.

   Perplexe, elle les regarda toutes, réfléchit quelques instants puis dit :

   –          Alors en route !

   Elles marchèrent ainsi des jours et des jours sans même savoir où elles allaient jusqu’à un beau matin où elles découvrirent un magnifique chemin qui sembla s’ouvrir devant elles et s’engouffrer dans une magnifique forêt où coulait un petit ruisseau où elles pourraient toutes se désaltérer.

   C’est ainsi que la jeune femme s’enfonça dans la forêt de Wevelgem avec ses nouvelles petites amies qui gambadaient tout autour d’elle et depuis ce jour, elle répondit au nom d’Hermeline.